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Réchauffement climatique : les sceptiques de l'Oklahoma

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 22 janv. 2018

Reportage consacré aux raisons pour lesquelles 30 % des habitants de Woordward, dans l'État de l'Oklahoma (États-Unis), ne croient pas au dérèglement climatique. L'Oklahoma concentre le plus grand nombre de climatosceptiques du pays, mais aussi d'exploitations pétrolières et de gaz de schiste. Le reportage donne la parole à plusieurs climatosceptiques.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
22 janv. 2018
Production :
@ 2018 -  France Télévisions
Page publiée le :
29 sept. 2023
Modifiée le :
17 nov. 2023
Référence :
00000005720

Contexte historique

Par Axelle Szczygieljournaliste )

Les climatosceptiques sont des personnes qui nient ou minimisent l’origine anthropique (c’est-à-dire humaine) du réchauffement climatique, voire qui nient ou minimisent le réchauffement lui-même.

Aux États-Unis, la personnalité climatosceptique la plus célèbre est sans nul doute Donald Trump. Dès son arrivée à la Maison-Blanche, en janvier 2017, le nouveau président se met au travail pour « rendre sa grandeur à l’Amérique » – son slogan de campagne –, en détricotant minutieusement la politique menée par son prédécesseur, Barack Obama, et en multipliant les décisions néfastes pour le climat. Son objectif premier : « Annuler ces restrictions qui tuent nos emplois dans la production, notamment dans les secteurs du gaz de schiste et du charbon propre. »

Au poste d’administrateur de protection pour l’environnement, il nomme rapidement Scott Pruitt, un ancien procureur général pour qui l’activité humaine n’est pas responsable du réchauffement climatique, puis relance deux projets d’oléoducs. En juin 2017, il franchit un pas supplémentaire en annonçant le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat qui vise à maintenir « l'augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2° C au-dessus des niveaux préindustriels ». Le 29 décembre 2017, Donald Trump se fend d’un nouveau tweet climatosceptique, ironisant sur le réchauffement climatique alors que le nord des États-Unis est balayé par une vague de froid extrême avec des températures jusqu’à - 40° C.

Cet argumentaire, qui a déjà convaincu son propre camp politique (un électeur républicain sur deux, selon une étude menée en 2016 par l’université de Yale), a de quoi séduire les Américains qui vivent sur les terres agricoles et énergétiques du Midwest, dont fait partie l’Oklahoma (par ailleurs État d’origine de Scott Pruitt). Ici plus qu’ailleurs, la réponse au changement climatique impliquerait des changements radicaux de mode de vie et de modèle économique alors même que les habitants ne se sentent pas encore concernés personnellement par le réchauffement : les températures ne s’envolent pas, la fréquence des tornades non plus et les sécheresses n’ont rien d’exceptionnel.

Éclairage média

Par Axelle Szczygieljournaliste )

Ce document est un reportage diffusé en janvier 2018 dans le journal de 20 heures de France 2. En allant à la rencontre des habitants de la ville de Woodward, en Oklahoma, il permet de prendre le pouls du climatoscepticisme local, ici plus fort qu’ailleurs (30 % des habitants ne croient pas au réchauffement climatique alors que la moyenne nationale est plutôt à 25 %).

Le fil rouge du reportage, c’est Rendall Gabrel, un habitant à la tête d’une entreprise qui exploite 80 puits de pétrole. Une activité lucrative qui semble lui demander peu d’investissement personnel, l’entretien des puits étant minime. « Je le mets en route et hop, je récupère le fric ! », explique-t-il devant l'un de ces puits. Selon lui, ce n’est pas le pétrole, mais les éoliennes qui changent le climat « parce qu’elles freinent le vent ». Un avis qu’il ne se contente pas de garder pour lui : nous le retrouvons plus tard dans le reportage, cette fois avec sa casquette de directeur de l’école de la ville, projetant un film sur le réchauffement climatique qui livre la version d’un scientifique du Mississippi ouvertement climatosceptique. Si les quelques adultes présents dans le public ne semblent pas nier la réalité du réchauffement climatique, ils ne voient pas en quoi ils pourraient y changer quelque chose, s’en remettant plus facilement à Dieu « pour réparer les dommages que nous causons – si c’est vraiment de notre faute ».

Le reportage s’intéresse également à la question des tornades, phénomènes récurrents dans la région et qui devraient, selon le journaliste « inciter les habitants à s’interroger », bien que leur fréquence et leur force ne soient mesurées que depuis les années 1940. Le responsable de la gestion des catastrophes, Matt Lehenbauer, est lui-même sceptique. Il affirme que « la prévision météo n’est déjà pas sûre à 4 ou 5 jours », ce qui le conduit à mettre en doute les prédictions sur ce qui se passera « plus tard ». Des propos qui illustrent la confusion encore fréquente aujourd’hui – et largement instrumentalisée par les climatosceptiques  – entre météo et climat. 

Pour rappel, la météo se préoccupe des conditions atmosphériques à court terme, prenant en compte des données telles que la température, la vitesse et la direction du vent, les précipitations ou encore la couverture nuageuse, selon Météo France. C’est donc le temps qu’il fait, à un moment et à un endroit donnés, susceptible de changer d’une heure ou d’un jour à l’autre. Le climat, quant à lui, décrit les conditions atmosphériques issues de valeurs moyennes sur plusieurs années (trente ans, par convention). Raisonner sur du long terme permet de lisser les valeurs extrêmes de température survenant sur de courtes durées et, à partir de là, de dégager des tendances de fond sur l’évolution du climat.

Le reportage permet ainsi de mettre en lumière l’ensemble des raisons pour lesquelles un État comme l’Oklahoma est un terreau fertile pour le climatoscepticisme : une économie dépendante des énergies fossiles, des impacts du réchauffement climatique encore non-tangibles, des populations peu ou mal informées, des scientifiques ramenés au rang d’idéologues… Si le reportage se termine sur une note un peu plus positive, rappelant que le nombre de climatosceptiques est en baisse aux États-Unis, il n’oublie pas de mentionner qu’ils sont toutefois largement représentés à la Maison-Blanche à l’époque.

 

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