Journée de la laïcité : inauguration d'une salle Samuel Paty dans un collège de Chantilly

Contexte historique

Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, enseignant d’histoire-géographie, est assassiné dans un attentat terroriste directement lié à son métier. Une dizaine de jours auparavant, dans son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), l’enseignant avait choisi de proposer une séance d’enseignement moral et civique autour de caricatures de Mahomet, dans le but de faire travailler les élèves sur les libertés fondamentales. Conscient de la dimension polémique de ces caricatures, diffusées notamment en France par le journal Charlie Hebdo en 2006 (lui-même ciblé par un attentat le 7 janvier 2015, attentat dont plusieurs complices présumés sont précisément jugés en octobre 2020), il avait proposé aux élèves qui le souhaitaient de sortir de sa salle de cours.

Après ce cours, une élève de la classe, pourtant absente lors de la séance en question, se plaint à son père : elle lui dit que Samuel Paty a demandé aux élèves musulmans de quitter la salle de classe avant de présenter les caricatures de Mahomet. Le père de la jeune fille insulte l’enseignant et parvient à déclencher une large polémique sur les réseaux sociaux avec l’aide de plusieurs militants islamistes. Un jeune islamiste russe réfugié en France en prend connaissance et assassine Samuel Paty à la sortie du collège le 16 octobre 2020. L’assaillant est ensuite abattu par la police arrivée sur place.

Si plusieurs attentats ont déjà frappé la France depuis le milieu des années 2010, cet assassinat suscite néanmoins une très forte émotion dans le pays. Le 21 octobre 2020, une cérémonie d'hommage national à Samuel Paty a lieu dans la cour d’honneur de la Sorbonne, en présence du président de la République Emmanuel Macron.

L’extrême violence du meurtre, la complicité indirecte de certains collégiens qui désignent Samuel Paty au terroriste (sans savoir que ce dernier a l’intention de l’assassiner) ou encore les hommages publics rendus au terroriste en Tchétchénie après l’attaque ne manquent pas de frapper l’opinion publique en France. Diverses polémiques éclatent également autour notamment du rôle des réseaux sociaux (qui ont assuré une large diffusion au conflit initial entre l’enseignant et l’élève) et de l’attitude de l’Éducation nationale (accusée par la famille de Samuel Paty de ne pas avoir suffisamment pris la mesure de la menace pesant sur le professeur).

 

Éclairage média

Cet extrait du journal télévisé de France 3 présente les événements organisés par un collège des Hauts-de-France à l’occasion de la Journée nationale de la laïcité le 9 décembre 2021. Le reportage a lieu un peu plus d’un an après l’assassinat de Samuel Paty et est diffusé à l’occasion de la Journée nationale de la laïcité. Depuis 2015, l’Éducation nationale appelle en effet les établissements scolaires à organiser une journée de la laïcité le 9 décembre (date anniversaire de la promulgation de la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905). Ces commémorations ont toutefois une résonance particulière depuis la mort de Samuel Paty.

Le reportage se décompose en deux temps. La première partie se concentre sur l’inauguration d’une salle de l’établissement au nom de Samuel Paty dans une ambiance très solennelle : une plaque est dévoilée sur fond de Marseillaise, chantée par les collégiens réunis dans la cour. Samuel Paty est qualifié par la journaliste de symbole de la laïcité, tandis que la principale du collège insiste quant à elle sur l’importance de la laïcité, considérée comme un fondement du système éducatif.

La deuxième partie du reportage est centrée sur les conceptions de la laïcité que peuvent avoir les élèves eux-mêmes. Ceux qui sont interrogés (de même que les dessins filmés) insistent avant tout sur le respect de l’autre et de ses croyances ou opinions. Si leur vision est donc quelque peu distincte de celle des auteurs de la loi de 1905 (la laïcité comme neutralité de l’État), cela s’explique aisément par le contexte d’hommage à un enseignant assassiné par un extrémiste religieux. La journaliste soutient explicitement ce discours en concluant sur le fait que la tolérance religieuse constitue une solution, simple, qui pourrait bien aider à protéger notre liberté de conscience.