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Laïcité : les tensions dans les campagnes après la loi de 1905

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 14 nov. 1978

Un retraité, M. Bauzet, témoigne des tensions présentes dans les campagnes à la suite du vote de la loi sur la laïcité de 1905.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Réalisation :
Knapp Hubert
Générique :
Dhordain Roland (Producteur), Goue Michel (Producteur)
Date de diffusion du média :
14 nov. 1978
Production :
Télévision Française 1
Page publiée le :
31 oct. 2023
Modifiée le :
28 déc. 2023
Référence :
00000005864

Contexte historique

Par Nicolas Françoisjournaliste spécialisé en histoire )

À la fin du XIXe siècle, la IIIe République entame une politique de laïcisation de la société. Principaux instruments de cette évolution : les lois Ferry instaurant l’école publique, gratuite laïque et obligatoire en 1881 et 1882, puis la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905. Une révolution : pendant des siècles, sous l’Ancien Régime, l’Église catholique a assuré la mission d’éducation des enfants par le biais des congrégations religieuses, en lien avec le pouvoir politique. Cette laïcisation signe donc une perte de son influence sur la société. L’Église appelle ses fidèles à refuser l’école laïque, qu’elle surnomme « l’école sans Dieu », et condamne la loi de 1905 par les encycliques Vehementer Nos et Gravissimo du pape Pie X en 1906. Une position qui attise les braises sur le terrain. Les partisans de l’école laïque et de l’école confessionnelle s’affrontent par voie de presse. Le journal conservateur Le Figaro ou le quotidien catholique La Croix figurent parmi les plus virulents contempteurs de la séparation, tandis que le journal libéral Le Siècle ou le quotidien de Jean Jaurès, L’Humanité, l’applaudissent la laïcisation.

Dans les villages, une lutte d’influence se joue entre l’instituteur et le curé. Des prêtres refusent de donner la communion aux enfants fréquentant l’école publique et des instituteurs catholiques sont sommés d’aller assister à la messe en dehors de leur commune d’activité. En 1906, les inventaires des biens des lieux de cultes, en application de la loi de séparation, provoquent des affrontements entre agents de l’État et opposants catholiques. Un homme est même tué dans des affrontements dans les Flandres, conduisant à la fin de ces inventaires. Malgré ces incidents spectaculaires, la plupart des catholiques finiront par se résigner et par respecter la loi de séparation. Aux élections législatives de 1906, l’Alliance libérale populaire, composée de catholiques ralliés à la République, obtient près de 15 % des voix, trois fois plus que le parti nationaliste hostile à la laïcité.

Éclairage média

Par Nicolas Françoisjournaliste spécialisé en histoire )

Cet extrait est tiré de l’émission « Ceux qui se souviennent ». Diffusé à la télévision entre 1978 et 1981, cette série documentaire donne la parole aux témoins d’une époque. Cet épisode intitulé Les Enfants de la République évoque les années 1900-1914 au travers de la voix d’anciens élèves ou enseignants de l’époque. Diffusé en novembre 1978, il donne la parole à Monsieur Dauzet, un retraité qui raconte la tension régnant dans son village entre partisans de l’école laïque et de l’école privée. Il évoque notamment la pression mise par les riches propriétaires terriers, souvent conservateurs et favorables à l’Église, sur les métayers pour qu’ils n’envoient pas leurs enfants à l’école publique. Cependant, Monsieur Dauzet assure que les menaces d’être « foutu à la porte » sont restés lettre morte. Il souligne aussi que « les curés sont allés au régiment comme les autres » pendant la guerre 1914-1918. La concorde dans les tranchées a contribué à apaiser les tensions.

Le climat de défiance d’une partie de la population, notamment dans les campagnes très christianisées et pratiquantes, envers les principes républicains de laïcité, perdure cependant : c’est la question d’être « pour ou contre l’Église » soulevée par le témoin. Elle suggère ici une vision de la laïcité comme un outil antireligieux alors qu’elle est conçue par ses défenseurs comme un principe de tolérance et de liberté. 

Le témoignage de Monsieur Dauzet, retraité nostalgique et sympathique, doit être nuancé par une étude des archives judiciaires du début du XXe siècle. Elles démontrent l’existence d’une véritable « guerre scolaire » entre 1905 et 1914. Ainsi, en 1906, un instituteur de Côte-d'Or, Morizot, est poursuivi par une association de parents catholiques pour avoir tenu en classe des propos antireligieux. En cassation, Morizot est condamné, notamment pour avoir tenu dans sa classe des propos violant gravement la neutralité scolaire en matière religieuse.

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