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Pourquoi panthéoniser Manouchian ?

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 28 févr. 2022

Le 28 février 2002, quelques jours après la date marquant l’anniversaire de l’exécution de Missak Manouchian et de 21 autres FTP-MOI le 21 février 1944, France 3 Rhône-Alpes se rend à Valence et consacre un reportage au projet de panthéonisation du résistant.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
28 févr. 2022
Production :
@ 2022 -  France 3 Rhône-Alpes-Auvergne
Page publiée le :
24 janv. 2024
Modifiée le :
31 janv. 2024
Référence :
00000005876

Contexte historique

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

Missak Manouchian, rescapé du génocide arménien, arrive en France en 1924. Dans l’entre-deux-guerres, il milite au Parti communiste, où il s’engage à partir de 1934, et au Comité d’aide à l’Arménie (HOC). Apatride, il est très attaché à son pays d’accueil, dont il demande deux fois la nationalité, en 1933 et 1940. Il rejoint la Résistance au cours de l’année 1942, d’abord au sein de la Main-d’œuvre immigrée (MOI) du Parti communiste, puis au sein des FTP-MOI : les Francs-tireurs et partisans (FTP) sont les groupes de combat du Parti communiste. Il participe à plusieurs actions avant d’être arrêté en novembre 1943, puis est fusillé avec 21 autres membres des FTP-MOI le 21 février 1944.

Si Missak Manouchian est entré tôt dans la mémoire collective (Aragon écrit Strophes pour se souvenir en 1955, mis en musique par Léo Ferré en 1961), il reste cependant à la lisière de celle-ci. Les étrangers sont en effet absents du récit mémoriel qui se construit après-guerre, qui insiste sur l’unité nationale. Le contexte de guerre froide ne favorise pas la mise en avant d’une figure communiste en dehors du Parti communiste. Celui-ci insiste peu sur le rôle des étrangers, alors que, à l’est de l’Europe, des procès sont intentés contre certains d’entre eux engagés dans la Résistance, comme Artur London lors des procès de Prague en 1952.

Depuis quelques décennies, les historiens ont mis en avant le rôle des étrangers et les mémoires évoluent également. La demande de panthéonisation de Missak Manouchian est portée par l’association Unité laïque alors que plusieurs résistants et résistantes ont déjà été panthéonisés : Jean Moulin en 1964 ; Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay en 2014. Un comité « Missak Manouchian au Panthéon » se constitue, reçu à l’Élysée en mars 2022. Le 18 juin 2023, lors des commémorations de l’appel du général de Gaulle, le président de la République Emmanuel Macron annonce finalement la panthéonisation de Missak Manouchian le 21 février 2024 (80 ans après son exécution). Dans le même temps, 91 résistants et otages étrangers sont reconnus « morts pour la France ». L’annonce est presque unanimement saluée. Mélinée entrera au Panthéon avec Missak. À travers Manouchian, présenté comme un symbole de l’universalisme républicain, ce sont les 23 fusillés du procès dit de « l’Affiche rouge » qui entreront au Panthéon en février 2024, et tous les étrangers dans la Résistance qui seront honorés.

Éclairage média

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

Ce reportage, diffusé dans le journal télévisé 19-20 de France 3 Rhône-Alpes le 28 février 2002, s’intéresse à ce qui n’était en 2002 encore qu’un projet : la panthéonisation de Missak Manouchian, portée par l’association Unité laïque. Le journaliste se rend à Valence, d’où est originaire Jean-Pierre Sakoun, président d’Unité laïque, et où vit une importante communauté arménienne (Missak Manouchian étant arménien).

Le reportage est construit sur une alternance entre l’histoire (le parcours de Manouchian) et la mémoire. Le sujet s’ouvre d’ailleurs sur les vues d’une place portant le nom de Missak Manouchian et où se trouve un monument commémoratif ainsi que sur des images actuelles du Mont-Valérien, à Suresnes, près de Paris, où il fut fusillé. La journaliste rappelle le parcours de Missak Manouchian dans la Résistance (notamment son rôle au sein des FTP-MOI) et son destin tragique (21 FTP-MOI, et non 22, furent fusillés en même temps que Manouchian : Olga Bancic a été décapitée en Allemagne). La nécessité de panthéoniser Manouchian est donc démontrée au spectateur avant même d’être évoquée par Jean-Pierre Sakoun. Celui-ci explique que Missak Manouchian est un symbole dans un paysage politique qu’il estime marqué par une question très prégnante, celle de  l’unité nationale, et de la division, sans préciser cependant plus son propos sur ce point. Ce sont néanmoins des éléments que l’on retrouve fréquemment dans les prises de parole politique au moment du reportage. Depuis la Maison de la culture arménienne, Krikor Amirzayan explique l’importance de ce projet pour les Arméniens en France.

Le reportage se clôt sur un portrait de Manouchian et sur l’une des phrases prononcées à son procès : Vous avez hérité de la nationalité française, nous, nous l’avons méritée. Cette conclusion, comme la construction du reportage et le commentaire (Manouchian est un héros de la Résistance) attestent, derrière la couverture de l’actualité locale, du regard très favorable que porte la journaliste sur le projet de panthéonisation. L’interview de Krikor Amirzayan montre également, par son intégration dans le reportage, une forme d’accord avec ce que dit Jean-Pierre Sakoun sur le symbole que représente Missak Manouchian dans le contexte national qu’il évoque précédemment dans le reportage.

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