vidéo

Michel Bouquet lit Le Pain de Francis Ponge

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 16 sept. 1977

Dans l’émission Les poètes et leurs images consacrée à Francis Ponge, Michel Bouquet lit certains de ses poèmes. Dans cet extrait, c’est Le Pain, issu du recueil Le Parti pris des choses, que nous partage l’acteur.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Réalisation :
Roux Jean-Paul
Date de diffusion du média :
16 sept. 1977
Production :
@ 1977 -  Antenne 2
Page publiée le :
06 févr. 2024
Modifiée le :
13 mars 2024
Référence :
00000005882

Contexte historique

Par Jean-Clément Martin BorellaJournaliste histoire et culture )

Pourquoi Le Pain ne mériterait-il pas autant que l’homme de figurer dans un poème ? Après tout, il le nourrit et, si on le regarde avec attention, il possède une grâce propre. Donner la parole aux choses, tel est l’objectif artistique de Francis Ponge, que celles-ci soient vivantes (animaux, végétaux) ou matérielles (le galet, la cigarette…). Si certaines choses sont muettes, elles ne sont pas pour autant inertes, au contraire. Il faut simplement avoir la patience d’enlever la peau des choses (Le Grand Recueil, 1961), une qualité que les poètes, regrette Francis Ponge, n’ont pas eue jusqu’alors. Le Parti pris des choses (1942), puis La Rage de l’expression (1952) sont des appels : arrêtons de considérer les choses comme des outils à notre service, mais respectons-les en tant qu’entités autonomes. Ainsi, nous les verrons autrement : la croûte du pain ressemble, en effet, à des chaînes de montagnes qui emprisonnent une mie à la texture d’une éponge, donc mouvante, presque vivante. Mais la tâche d’essentialisation d’un objet se heurte au plafond d’un langage justement élaboré pour ne lui donner que peu d’importance. Ainsi, l’artiste en prose qu’est Francis Ponge travaille avec acharnement sur ces mots figés, les adapte, dans un difficile, mais plaisant, processus d’objeu, qui réconciliera à terme l’objet avec le langage, et donc avec l’homme.

Éclairage média

Par Jean-Clément Martin BorellaJournaliste histoire et culture )

Produite par Jean-Paul Roux, la série documentaire d’Antenne 2 Les poètes et leurs images, issue de l'émission Fenêtre sur, s’intéresse au lien entre la création poétique et le culte des images. Des auteurs sont présentés au travers de leur relation à la peinture, tel Charles Baudelaire avec les œuvres d’Eugène Delacroix, Francis Carco avec celles de Maurice Utrillo ou encore Francis Ponge, très lié à Georges Braque et dont les textes poétiques peuvent se définir comme des pochades en prose (Cinq Sapates, 1950).

Le 16 septembre 1977, le documentaire était consacré à Francis Ponge. Cet extrait voit le grand acteur de théâtre Michel Bouquet lire, face caméra et sans autre décor que lui-même, lire le poème Le Pain de Francis Ponge, issu du recueil Le Parti pris des choses (1942). Lire, et non réciter, car les textes de Ponge ne sont pas des poèmes classiques. Non seulement parce qu’ils sont en prose – il y en a d’autres –, mais surtout par leur construction. L’auteur y partage l’évolution de sa pensée et c’est bien un raisonnement qu’il nous est proposé d’écouter.

Si Le Pain est choisi pour cette lecture, c’est qu’il révèle parfaitement le travail de Ponge : explorer les souterrains des choses et du langage comme le ferait une taupe, animal auquel il se compare dans Le Grand Recueil, Méthodes (1961). Sous la croûte du pain – soit derrière les apparences – se dévoile tout un monde, à considérer. Si le pain est la Terre, la croûte est son enveloppe et la mie son secret. Plus qu’un poème, Le Pain est, pour Ponge, une allégorie de son laboratoire poétique à ciel ouvert, dont il ouvre la porte pour partager les expériences que l’on cache d’ordinaire.

Thèmes

Sur le même thème