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L’arrestation de Missak Manouchian

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 02 sept. 1976 | Date d'évènement : 16 nov. 1943

Pour le compte du documentaire Ce jour-là j’en témoigne, Chroniques de l’ombre 1940-1944 consacré à « l’Affiche rouge » et diffusé en 1976 sur Antenne 2, Mélinée Manouchian, son épouse, et Arsène Tchakarian qui a combattu à ses côtés, témoignent de la façon dont ils ont appris et vécu l’arrestation de Missak Manouchian le 16 novembre 1943.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Générique :
Adler Laure (Journaliste), Rotman Patrick (Journaliste)
Date de l'évènement :
16 nov. 1943
Date de diffusion du média :
02 sept. 1976
Production :
@ 1976 -  Antenne 2
Page publiée le :
30 janv. 2024
Modifiée le :
15 févr. 2024
Référence :
00000005938

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Le 16 novembre 1943, Missak Manouchian est arrêté par le commissaire Barrachin et quatre inspecteurs en compagnie de son supérieur, le chef militaire des FTP, Joseph Epstein (« colonel Gilles ») alors que les deux hommes avaient rendez-vous près de la gare d’Evry-Petit-Bourg. Cette arrestation est la conséquence d’une longue filature commencée plusieurs mois auparavant, en juillet 1943, par les Brigades spéciales (BS) de la préfecture de police de Paris, spécialisées dans la traque des communistes. Ayant réussi à « loger » Marcel Rajman, membre de l’équipe spéciale, les Brigades spéciales repèrent en le filant de nombreux combattants des FTP-MOI de la région parisienne, notamment Celestino Alfonso et Léo Kneler. Début septembre, les policiers de la BS2 sont également mis sur la piste du quatrième détachement spécialisé dans les déraillements. Ils ont réussi à « loger » l’un des membres du commando, Léon Goldberg, dont la filature permet ensuite d’identifier tout le groupe des dérailleurs (Mosze Fingercweig, Jonas Geduldig, Thomas Elek, Joseph Boczov, Wolf Wajsbrot, Ildo Stanzani). C’est la surveillance de Boczov qui met les BS sur la piste de Manouchian. Le 24 septembre, Boczov sort de chez lui pour se rendre à Bourg-la-Reine où il a rendez-vous afin de prendre ses instructions auprès du chef militaire des FTP-MOI de la région parisienne. Missak Manouchian est pour la première fois repéré par les policiers et figure à partir de ce jour dans leurs rapports sous le nom de « Bourg » (en référence au lieu où il a été repéré). Le 28 septembre, les policiers chargés de filer Manouchian le suivent alors qu’il se rend à Mériel, dans l’Oise, et assistent à son rendez-vous hebdomadaire avec son chef direct, Joseph Epstein (colonel Gilles). L’arrestation le 26 octobre de Joseph Davidovitch, responsable aux effectifs des FTP-MOI, qui accepte de parler lors de ses différents interrogatoires, permet aux Brigades spéciales de mettre une identité sur les différents pseudonymes qui étaient utilisés jusqu’alors dans leurs rapports pour qualifier les combattants de la FTP-MOI. Désormais, ils savent que celui qui était jusqu’alors appelé « Bourg » se nomme en réalité Missak Manouchian. La BS 2 décide de passer à l’action le 16 novembre en arrêtant Manouchian et Epstein. Cette arrestation se place dans le contexte plus large d’un grand coup de filet opéré contre les FTP-MOI de la région parisienne au cours du mois de novembre 1943. Au total, 68 personnes sont arrêtées, dont une vingtaine de combattants de l’organisation.

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Mélinée Manouchian et Arsène Tchakarian qui témoignent des conditions de l’arrestation de Missak Manouchian pour le compte du documentaire Ce jour-là j’en témoigne, Chroniques de l’ombre 1940-1944 consacré à l’affiche rouge et diffusé en 1976 sur Antenne 2, ont tous les deux échappé au coup de filet opéré par les Brigades spéciales en novembre 1943. Son épouse et son compagnon de combat ont été profondément marqués par cette arrestation et l’évoquent trente-trois ans après avec émotion. Veuve à l’âge de 30 ans, Mélinée ne s’est jamais remariée, alors que dans sa lettre d’adieu écrite juste avant son exécution, Missak lui demandait de refaire sa vie pour être heureuse. 

Dans leurs témoignages, Mélinée Manouchian et Arsène Tchakarian insistent tous les deux sur les directives qui ont immédiatement été mises en application pour que les membres des FTP-MOI recherchés puissent échapper aux arrestations. Mélinée tente d’avertir le plus de contacts possibles de l’arrestation de Manouchian pour que les personnes qui étaient en lien avec lui adoptent les mesures de sécurité nécessaires. Elle-même ne retournera pas dans l’appartement qu’elle partageait avec Missak rue de Plaisance dans le XIVᵉ arrondissement, pour se réfugier chez un couple d’amis arméniens, les Aznavourian. Arsène Tchakarian a pu échapper au coup de filet mené par les Brigades spéciales un peu par hasard : il est arrivé en retard à un rendez-vous avec Olga Bancic, évitant ainsi de tomber dans les mains des policiers. Apprenant l’arrestation de Manouchian et de plusieurs membres de son groupe, il reçoit l’ordre de ne plus participer à aucune réunion ni rencontre. L’organisation militaire des FTP lui demande de quitter Paris et de partir en province. Après s’être caché pendant quelques semaines à Paris, il sera exfiltré au début de 1944 vers Bordeaux. Il regagnera la capitale au cours de l’été 1944 et participera aux combats pour la Libération.   

Mélinée Manouchian et Arsène Tchakarian figurent parmi les rares personnes à avoir échappé aux Brigades spéciales qui ont arrêté 68 membres des FTP-MOI en novembre 1943.

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