Elie Wiesel : avoir quinze ans à Auschwitz
Lectures pour tousNotice
Résumé
Dans l’émission littéraire Lectures pour tous, Pierre Dumayet s’entretient avec Elie Wiesel. Ce dernier vient de publier un ouvrage autobiographique. Dans La Nuit, l’écrivain raconte ses souvenirs d’adolescent de 15 ans, déporté avec son père au camp d’Auschwitz puis évacué vers le camp de Buchenwald.
Informations
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- Date de diffusion : 18 juin 1958
- Référence : 01834
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Contexte historique
Né en 1928 en Transylvanie dans une famille juive d'origine hongroise, Elie Wiesel n'a que 15 ans lorsqu'il est enfermé dans le ghetto de Sighet puis déporté vers le camp d'Auschwitz en mai 1944 avec ses parents et sa jeune soeur. A son arrivée au camp, il échappe à la sélection, après avoir été séparé de sa mère et de sa soeur (dont il apprend plus tard qu’elles ont été immédiatement gazées).
Affecté avec son père au sein d’un kommando d’Auschwitz III-Monowitz, il est alors employé dans l’usine de caoutchouc synthétique, Buna, propriété de l’entreprise allemande IG-Farben.
Il revient dans cet entretien sur les conditions de travail particulièrement éprouvantes et sur les coups reçus de la part d'un des contremaîtres polonais ("Vorarbeiter") qui souhaitait récupérer une de ses couronnes dentaires en or, qui avait miraculeusement échappé à la vigilance des SS lors de la sélection.
Après plusieurs mois de déportation à Auschwitz III-Monowitz, Elie Wiesel et son père sont évacués avec les autres déportés survivants d’Auschwitz vers d’autres camps moins exposés à l’avancée militaire soviétique. Forcé à avancer à pied dans des conditions climatiques extrêmement rigoureuses, puis transporté dans un convoi à ciel ouvert, Elie Wiesel arrive au camp de Buchenwald le 21 janvier, alors que la majorité des hommes de son transport ont succombé à cette "marche de la mort".
Son père Schlomo, très affaibli, meurt huit jours plus tard. Son fils est alors transféré au sein du block réservé aux enfants du camp. Il y demeure jusqu’à la libération de Buchenwald par les troupes américaines, le 11 avril 1945. Il apparaît d’ailleurs sur un des clichés pris lors de la libération du camp.
Évacué vers Paris, l’orphelin est recueilli à son retour par l'Oeuvre juive de secours aux enfants (OSE) jusqu'en 1956. Il étudie la philosophie et la littérature à la Sorbonne. Il ne parvient à raconter son histoire que dix ans plus tard, d’abord en yiddish puis en français, après sa rencontre avec l’écrivain François Mauriac, qui préface la version publiée en 1958. Ce livre, La Nuit, dans lequel il évoque le souvenir de sa déportation au camp d'Auschwitz III-Monowitz puis à celui de Buchenwald, a été par la suite traduit dans une trentaine de langues.
Elie Wiesel s’installe peu de temps après aux Etats-Unis. Naturalisé américain, il y poursuit une brillante carrière universitaire, occupant notamment la chaire de sciences humaines à l'Université de Boston. Parallèlement, il publie une quarantaine d'ouvrages (romans, pièces de théâtres et essais) rédigés principalement en français mais aussi en anglais, hébreu et yiddish.
Très engagé en faveur des droits de l'homme sur les territoires de conflit à travers le monde, son action est saluée par le prix Nobel de la paix reçu en 1986. Il ne cesse de témoigner, notamment à l’occasion des grandes commémorations liées aux anniversaires de la libération des camps jusqu’à son décès survenu le 2 juillet 2016, à l’âge de 88 ans.
Éclairage média
A l’occasion de la publication de son ouvrage La Nuit, Elie Wiesel est reçu par Pierre Dumayet dans l’émission littéraire Lectures pour tous.
Alors âgé de 30 ans, Elie Wiesel, polyglotte, qui a appris la langue française à sa libération du camp de Buchenwald, s’exprime avec un léger accent qu’il conservera jusqu’à la fin de sa vie. Son émotion transparaît ici à travers ses gestes (plans rapprochés sur sa main gauche), son débit rapide et son souci du détail.
Le journaliste l’interroge sur certains passages de son livre, insistant notamment sur la nature des relations entre un père et son fils plongés au coeur de l’expérience concentrationnaire. L’écrivain a en effet vécu toute sa déportation au côté de son père jusqu’à la mort de ce dernier, survenue trois mois avant la libération du camp de Buchenwald.
Cet entretien permet de découvrir un jeune homme, débutant sa carrière d’écrivain, qui accompagne son récit autobiographique d’une réflexion philosophique sur la frontière entre bourreaux et victimes.
Il revient ici sur la difficulté de préserver leur relation alors même que leur survie individuelle était quotidiennement menacée par la cruauté des bourreaux. Elie Wiesel évoque notamment l’attitude d’un contremaître polonais désireux de récupérer la dent en or que l’adolescent avait réussi à garder malgré l’examen médical subi à son entrée au camp. C’est en menaçant de s’en prendre à son père (vulnérable car ne sachant pas marcher au pas), que le bourreau parvint à ses fins.
Elie Wiesel garde également en mémoire la réaction d’un rabbin qui, lors des marches de la mort, recherchait désespérément son fils. Ce dernier était resté volontairement en arrière pour ne pas être ralenti par son père et préserver ainsi ses chances de survie.
Enfin, l’ancien déporté revient brièvement sur un épisode qui le hantera toute sa vie : la mort de son père, couché sur la paillasse au-dessus de la sienne. L’adolescent, craignant les coups des gardiens, resta immobile malgré les plaintes de son père, qui succomba au petit matin.
D’autres entretiens datant de la même époque révèlent qu’il ne croyait pas alors au possible succès de son livre, refusé par de nombreux éditeurs. Cet extrait offre ainsi une image inédite d’un jeune écrivain, devenu par la suite une autorité morale et un des témoins majeurs de l’histoire de la Shoah.
Transcription
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