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Le départ clandestin de Jean Moulin pour Londres en janvier 1943

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 18 juin 1958 | Date d'évènement : Février 1943

Après avoir œuvré en France dans la clandestinité tout au long de l’année 1942, Jean Moulin séjourne en janvier 1943 dans le Jura, dans l’attente d’un départ pour l’Angleterre à bord d’un avion Lysander. Trois sœurs qui l’ont hébergé au château de Villevieux, où il a vécu, ainsi qu’un groupe d’hommes ayant participé à son départ témoignent en juin 1958 de son passage dans la région. 

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Réalisation :
Barrère Igor
Date de l'évènement :
Février 1943
Date de diffusion du média :
18 juin 1958
Production :
Radiodiffusion Télévision Française
Page publiée le :
19 juin 2023
Modifiée le :
05 sept. 2023
Référence :
00000005520

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Au début de l’année 1943, Jean Moulin a reçu l’ordre du général de Gaulle de le rejoindre à Londres, à la fois pour rendre compte de sa mission secrète en France et pour prendre de nouvelles instructions. 

Tout au long de l’année 1942, Jean Moulin s’est acquitté de la tâche que lui avait confiée de Gaulle après leur première rencontre à Londres le 25 octobre 1941 : l’unification de la résistance en zone sud. L’action de Jean Moulin a rendu possible la création, en octobre 1942, de l’Armée secrète (AS), fusion des branches paramilitaires des principaux mouvements de zone sud.

Cette première étape est suivie, en janvier 1943, de la création des MUR (Mouvements unis de la Résistance) qui permet de fusionner les trois principaux mouvements de zone sud (Combat, Franc-Tireur et Libération). L’ancien préfet doit désormais discuter avec le général de Gaulle de nouvelles actions à mener afin, notamment, d’envisager l’unité de la Résistance dans les deux zones grâce à la création d’un Conseil de la Résistance où seront représentées les différentes organisations engagées dans la lutte contre l'occupant (partis, mouvements, syndicats).

Mais un départ pour Londres depuis la métropole est difficile à organiser dans le contexte de l’Occupation. Jean Moulin doit être embarqué à bord d’un Lysander. Cet avion britannique est alors utilisé pour le transport d’agents secrets, de résistants et de personnalités entre la France et l’Angleterre. Jean Moulin séjourne dans le Jura, au château de Villevieux, près de Lons-le-Saunier, à proximité du terrain d’atterrissage prévu. Il est accompagné du général Delestraint, qui a été nommé à la tête de l’Armée secrète et que le général de Gaulle souhaite rencontrer à Londres. Le séjour des deux hommes dans le Jura dure plusieurs semaines car les conditions météorologiques au cœur de l’hiver rendent les liaisons aériennes difficiles. Moulin et Delestraint ont confirmation de leur vol par un message diffusé sur les ondes de la BBC : « La maman de Léontine fête ses 28 ans. » Ils embarquent le 14 février vers 2 heures du matin. Lorsqu’il arrive à Londres, Jean Moulin est décoré par le général de Gaulle de la croix de la Libération avant d’être nommé au rang de ministre comme seul représentant du Comité national français (CNF) en métropole pour y créer le Conseil national de la Résistance (CNR).      

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Le 18 juin 1958, à l’occasion du 30e anniversaire de l’appel du général de Gaulle, la Radiodiffusion Télévision française (RTF) diffuse un reportage intitulé Sur les traces de Jean Moulin qui revient sur le séjour, en 1943, du représentant du général de Gaulle à Villevieux dans le Jura, dans l’attente de son départ pour Londres.

Dans cet extrait, un premier témoin, résistant, explique que Jean Moulin est parti se cacher dans le Jura une fois que (sa) galerie marchait très, très bien : en effet, parallèlement à son action clandestine dans la Résistance, Jean Moulin avait une activité officielle de marchand d'art à Nice.

Le reportage se poursuit dans le Jura et s’appuie sur les témoignages des trois sœurs Bergerot, Marie-Louise, Marguerite et Cécile, qui ont hébergé Jean Moulin dans leur château entre le 26 janvier et le 14 février 1943, mais aussi sur ceux de l'ancien maire de Bletterans, de l'épicier et du facteur de la commune. Ils ont tous participé à la préparation de la réception du Lysander venu prendre en charge Moulin et Delestraint dans la nuit du 14 février 1943. Ces témoignages sont intéressants car ils montrent l’importance des complicités nécessaires pour permettre un tel départ clandestin. Ils illustrent parfaitement l'idée de « le peuple de la nuit » auquel rendra hommage André Malraux dans le discours prononcé en 1964 lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon. En réalité, ce sont plusieurs dizaines de personnes qui ont dû être mobilisés au sein du canton de Bletterans pour préparer le terrain d’atterrissage où le Lysander allait se poser pour embarquer Jean Moulin et le général Delestraint.

Le contenu des témoignages nous montre quel a été le rôle de ceux que, dans la Résistance, on appelait  les « sédentaires » ou les « légaux », c’est-à-dire les personnes qui, tout en continuant à mener une vie normale, apportaient une aide indispensable aux clandestins pour leur survie. Il montre également l’importance des règles de sécurité à respecter : un caillou lancé dans la fenêtre indique aux sœurs Bergerot la venue de Jean Moulin et de Delestraint. L’identité officielle des deux hommes qui se cachent au château est totalement inconnue aux femmes et aux hommes qui leur apportent leur aide. Ils ne les connaissent que sous leur pseudonyme (Max et Vidal).

Ce reportage illustre in fine l’importance des récits des témoins directs pour l’histoire de la Résistance. Clandestin, le passage de Jean Moulin à Villevieux n’a laissé aucune trace. Seuls ceux qui en ont été les témoins peuvent donc raconter la façon dont les choses se sont déroulées.         

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