De la Russie tsariste à l’URSS

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 07 sept. 1962

En 1962, à l'occasion du 45e anniversaire de la révolution d'Octobre que l'URSS s'apprête à célébrer, l'émission Cinq Colonnes à la une présente Sous l'œil de la caméra, des tsars à Lénine, un document d'archives qui retrace les principaux évènements de la révolution russe de 1898 à 1922. C'est-à-dire des derniers jours du tsar Nicolas II à la naissance du communisme sur le plan international et à la mort de Lénine.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Cinq Colonnes à la une
Générique :
Louis Roger (Journaliste)
Date de diffusion du média :
07 sept. 1962
Copyright :
1962
Année de production :
1962
Page publiée le :
17 janv. 2024
Modifiée le :
05 févr. 2024
Référence :
00000005930

Contexte historique

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

La Russie connaît au début du XXe siècle des bouleversements politiques majeurs.

Le régime du tsar Nicolas II (au pouvoir depuis 1894), très autocratique, fait face à une première révolution en 1905 (concomitante aux difficultés rencontrées lors la guerre russo-japonaise, finalement perdue en 1906). Le régime peine à adopter une réponse claire face aux contestations : il alterne entre répression violente (une centaine de morts lors du « Dimanche rouge » du 9 janvier 1905) et concessions politiques (création d’une douma, assemblée législative).

Le déclenchement de la Première Guerre mondiale, en partie provoqué par la rivalité entre la Russie et l’Autriche-Hongrie dans les Balkans, ne suscite pas un sentiment d’unité nationale en Russie. La situation se dégrade en effet très rapidement, tant sur le front, où les défaites militaires se multiplient à partir de 1915 (2 millions de soldats russes ont été tués et 3 millions faits prisonniers à la mi-1916), qu’à l’arrière, en proie à de graves difficultés économiques. Dans ce contexte, la « révolution de février » 1917 éclate à Saint-Pétersbourg : le tsar doit abdiquer.

Plusieurs acteurs se partagent alors le pouvoir : les libéraux du Parti constitutionnel démocratique (autour du prince Lvov), les socialistes-révolutionnaires (dont Alexandre Kerenski), les mencheviks et les bolcheviks (ces derniers dirigés par Lénine, de retour d’exil). Les bolcheviks s’appuient notamment sur les conseils d’ouvriers ou de soldats qui ont été créés (les Soviets). Les gouvernements de Lvov, puis de Kerenski choisissent toutefois de poursuivre la guerre et peinent à améliorer les conditions de vie de la population, tandis que Lénine manœuvre pour prendre le pouvoir : la révolution d’Octobre lui permet de se hisser au sommet de l’État et d’éliminer ses rivaux.

Une fois au pouvoir, les bolcheviks signent, le 3 mars 1918, la paix Brest-Litovsk avec la Triple-Alliance (empires allemands, austro-hongrois et royaume d’Italie) au prix de nombreuses concessions. Ils doivent toutefois faire face à une très violente guerre civile qui les oppose, schématiquement, aux « Blancs », partisans d’une restauration impériale. En dépit de l’intervention des puissances occidentales, l’Armée rouge organisée par Trotski remporte la guerre en 1922, deux ans avant la mort de Lénine.

Éclairage média

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

Cette vidéo est tirée de « Cinq Colonnes à la une », une émission mensuelle qui popularise en France le magazine de reportages entre 1959 et 1968. Diffusée début septembre 1962, soit peu de temps avant le 45e anniversaire de la révolution d’Octobre de 1917, la séquence propose de revenir sur l’histoire de la Russie de 1898 à 1922.

On peut remarquer en premier lieu la profusion d’outils mobilisés pour capter l’attention du spectateur : le commentateur Roger Louis ne dédaigne pas l’emphase (des documents « historiques » et « inédits » pour aborder « l’événement le plus important du siècle », « extraordinaire image », etc.) et le rythme général est volontiers enlevé (par exemple grâce à l’accélération des images qui renforce la gestuelle frénétique des discours de Lénine ou de Trotski). L’aspect tragique de certains événements (comme la profanation de sépultures ou les exécutions sommaires) est a contrario accentué par le silence ponctuel du commentateur et par la diffusion deux ou trois fois de suite de la même séquence. La musique, très présente en arrière-fond sonore, contribue également à donner une dimension épique au reportage.

La nature exacte de la vidéo est quant à elle plus ambiguë. Roger Louis revendique de ne proposer ni une « explication » ni un « historique », mais un « témoignage cinématographique » de la période. En réalité, il s’agit bien d’une forme d’histoire très rapide de la Russie des années 1898-1922 qui retrace les principaux événements et les personnages majeurs : cela correspond au demeurant à l’optique pédagogique adoptée par « Cinq colonnes à la une ». Sa dimension très foisonnante et parfois elliptique peut sans doute s’expliquer par sa faible durée (une quinzaine de minutes pour relater plus de vingt ans de changements considérables) et sa dimension fragmentaire (le reste des images ayant fait l’objet d’une diffusion postérieure). On considérera simplement avec plus de méfiance l’idée d’un « œil impartial de la caméra » à même d’attester, seul, des crimes commis par les différents camps en présence.

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