vidéo - 

Attaque de la mosquée de Bayonne

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 28 oct. 2019 | Date d'évènement : 28 oct. 2019

Le 28 octobre 2019, en milieu d'après-midi, la mosquée de Bayonne est la cible des tirs de Claude Sinké, un octogénaire d’extrême droite, ancien candidat du Front national aux élections départementales des Landes en 2015. La qualification de l’événement divise la classe politique et l’opinion publique.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Présentateurs/Présentatrices :
Papin Sandrine
Générique :
Boutin Allande (Journaliste)
Date de l'évènement :
28 oct. 2019
Date de diffusion du média :
28 oct. 2019
Production :
@ 2019 -  France 3 Nouvelle Aquitaine
Page publiée le :
26 févr. 2024
Modifiée le :
25 juin 2024
Référence :
00000005951

Contexte historique

Par Lucie VouzelaudProfesseure agrégée d'histoire, responsable du pôle pédagogique du Musée-mémorial du terrorisme )

Le 28 octobre 2019, moins d’un mois après l’attaque au couteau du 3 octobre à la préfecture de police de Paris, l’attaque d’une mosquée à Bayonne par Claude Sinké, 84 ans, un agent de l’État à la retraite, ancien candidat du Front national aux élections départementales de 2015, suscite l’émoi de la classe politique. Le contexte national est alors à la polarisation autour de l’islam et de la laïcité, l’opposition de droite faisant pression sur le chef de l’État pour évoquer les questions liées à la radicalisation et au port du voile. Par ailleurs, l’événement réveille le souvenir des tags racistes dont la mosquée de Bayonne avait été marquée après les attentats de janvier 2015.  

Le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray, évoque un attentat aussi lâche qu’odieux. Le terme d’« attentat » est aussi utilisé par le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel : Quand on utilise une arme pour attenter à la vie, avec un projet politique […], cela peut être qualifié d’un attentat. Il indique par ailleurs, dans un communiqué, avoir adressé un courrier au ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, pour lui demander des précisions sur les enquêtes concernant les projets d’attentats de l’extrême droite. Emmanuel Macron – qui, le matin même de l’attentat, recevait Dalil Boubakeur, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) –, condamne avec fermeté l’attaque odieuse

Le lundi 28 octobre dans l’après-midi, Claude Sinké a d’abord tenté d’incendier la porte de la mosquée, puis tiré sur deux personnes, qu’il blesse. L’octogénaire est arrêté peu de temps après à son domicile, à Saint-Martin-de-Seignanx, à une dizaine de kilomètres de Bayonne. 

Les motivations de l’assaillant inscrivent l’événement dans la montée du terrorisme d’extrême droite en France. À partir de 2012, des groupuscules d’extrême droite s’organisent en effet, estimant devoir agir à la place d’un pouvoir politique qu’ils jugent défaillant. Une commission d’enquête parlementaire sur la lutte contre ces groupuscules en France évoque, dans son rapport publié le 6 juin 2019, une nouvelle tentation terroriste en réaction aux attentats terroristes islamistes qui ont touché notre pays. En France, cinq attentats d’extrême droite sont déjoués entre 2017 et 2019. L’année 2019 est aussi celle du double attentat contre deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, par un suprémaciste blanc australien de 26 ans, causant la mort de 51 personnes. 

L’auteur des faits de Bayonne, Claude Sinké, témoigne d’une vision complotiste et paranoïaque, inscrivant son action dans une démarche de vengeance après l’incendie de Notre-Dame de Paris survenu le 15 avril 2019, qu’il présente comme un attentat islamiste. Mais, malgré l’identification claire des motivations racistes de Claude Sinké – ancien militaire de la guerre d’Algérie, homophobe et xénophobe, il a été exclu du FN pour avoir tenu des propos racistes –, la qualification terroriste n’est pas retenue. L’enquête met en effet en évidence l’altération de son discernement, ce qui ne permet pas de retenir la motivation idéologique. Poursuivi pour « tentative d’assassinat », il meurt en prison le 20 février 2020.

Éclairage média

Par Lucie VouzelaudProfesseure agrégée d'histoire, responsable du pôle pédagogique du Musée-mémorial du terrorisme )

Le soir du lundi 28 octobre 2019, la journaliste Sandrine Papin ouvre l’édition du 19/20 Aquitaine avec l’attaque de la mosquée de Bayonne par un octogénaire. Elle évoque les faits : des « coups de feu tirés » devant la mosquée, deux blessés et le suspect, un ancien militaire, octogénaire, arrêté à son domicile dans les Landes.

Le journaliste sur place, Allende Boutin, parle de l’« émoi très fort » suscité par cette nouvelle, il évoque également la stabilisation de la situation pour les blessés, la sécurisation des lieux par la police nationale et le début de l’enquête. 

La suite du journal télévisé laisse la place à un reportage sur le quartier, sur les véhicules de police et de secours. Il donne aussi à entendre le témoignage du vice-président de la mosquée de Bayonne, puis propose un duplex avec le maire-adjoint chargé de la sécurité, Christian Millet-Barbé, à qui la journaliste demande si l’on doit parler d’« attaque » ou d’« attentat ». Le maire-adjoint déplore « un drame absolu » et fait le lien avec « le climat tendu dans le pays », l’actualité internationale et la guerre en Syrie et en Irak. La suite de l’édition est quasiment exclusivement consacrée à cette information avec une volonté de l’inscrire dans un contexte national préoccupant. 

Cette attaque intervient quelques jours après celle de la préfecture de police de Paris le 3 octobre 2019. Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s’était alors saisi de l’affaire, ce qui n’est pas le cas à Bayonne. La classe politique et de l’opinion publique s’émeuvent de cette différence de traitement. Ils ne comprennent pas pourquoi le passage à l’acte contre des musulmans de la part d’un sympathisant d’extrême droite n’est pas qualifié de terroriste. Le Rassemblement national (RN), par la voix de Marine Le Pen, et La France Insoumise (LFI), par celle de Jean-Luc Mélenchon, sont les seules formations politiques à qualifier alors cet acte d’« attentat ».

Lieux

Personnalités

Thèmes

Sur le même thème