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Dans quel contexte historique Arthur Rimbaud a-t-il évolué ?
Niveaux et disciplines
Enfant du Second Empire, Arthur Rimbaud commence à écrire quand la guerre franco-prussienne éclate et que la Commune se soulève. Ou comment la grande histoire a influencé l'histoire d'un jeune poète.
Arthur Rimbaud, né le 20 octobre 1854, grandit sous le Second Empire (1852-1870) de Napoléon III, qu’il déteste et juge « bon pour les galères ». Ce que Rimbaud ne supporte pas de cette époque, c’est le triomphe de la bourgeoisie et de ses intérêts. En effet, Napoléon III a placé au pouvoir la bourgeoisie d’affaires, celle des industriels et des banquiers, qui profite d’une politique libre-échangiste pour s’enrichir.
Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique - Lycée professionnel
Napoléon III et le Second Empire (1851-1870), une expérience politique originale
Hostile au régime et dénué de toute fibre patriotique, le jeune poète – Rimbaud n'a alors que 15 ans – accueille « avec un haussement d’épaule », selon la formule de son ami Ernest Delahaye, la déclaration de guerre de la France à la Prusse, le 19 juillet 1870. Mieux équipée et plus nombreuse, la coalition allemande écrase les armées françaises en un été et l'empereur Napoléon III doit capituler à Sedan le 2 septembre. Rimbaud, dans son poème Le Dormeur du val, évoque le sort réservé aux jeunes hommes envoyés au front :
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Rimbaud compte sur un réveil populaire des consciences : ce sera la Commune, réaction politique de la population parisienne à l’armistice signé avec les Allemands le 28 janvier 1871 par le gouvernement provisoire de la France. Soumis à un siège éprouvant depuis le mois de septembre, les Parisiens se sentent trahis par la République et n’entendent pas se rendre. Au mois de mars, le Comité central de la Garde nationale organise des élections. La Commune est mise en place le 28 mars. Les membres du gouvernement d’Adolphe Thiers, réfugiés à Versailles, refusent de reconnaître l’autonomie communale de Paris et choisissent un affrontement qui mène à la « semaine sanglante » (21-28 mai 1871), durant laquelle les communards sont écrasés.
Si le beau-frère –posthume – de Rimbaud, Paterne Berrichon, affirmait que le poète avait participé à la Commune, le doute reste permis. Anticlérical et très hostile au parti de Thiers, Rimbaud s’attaque poétiquement aux versaillais qu’il appelle « les Ruraux », en référence à leur situation de notables de province.
Et les Ruraux qui se prélassent
Dans de longs accroupissements,
Entendront des rameaux qui cassent
Parmi les rouges froissements !
Il souligne également le rôle messianique que la Commune attribue à l’ouvrier dans Les Poètes de sept ans. Rimbaud n’oubliera jamais cet épisode sanglant de révolte populaire et lui constituera un tombeau littéraire dans ce vers tiré du Bateau ivre : « Un bateau frêle comme un papillon de mai. »
Sa déception est grande car la République reste toujours dominée par la bourgeoisie, qui matérialise sa « fatale soif de l’or » (Jugurtha) par la colonisation de l’Afrique noire et de l’Indochine, telle une revanche sur la défaite imprévue de 1870. Si Rimbaud est épris d’exotisme, il l’est par amour du voyage et, s’il fera du commerce à Aden – ville yéménite sous domination britannique –, il n’aura que mépris pour le système colonial et l’asservissement administratif de peuples jugés inférieurs. « Peuplades soumises, aux armes ! » (Jugurtha).
Pour aller plus loin
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Notre partenaire BnF Les Essentiels propose un article sur la poésie rimbaldienne.
Capture de la page du site BnF Les Essentiels intitulée Les Poésies de Rimbaud.