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Rimbaud et sa famille

Copyright de l'image décorative: © BnF, département Estampes et photographie

Frédéric et Arthur Rimbaud, lors de leur première communion en 1866. Photographe anonyme.
Par Jean-Clément Martin BorellaJournaliste histoire et culture
Publication : 02 avr. 2024 | Mis à jour : 03 avr. 2024

Niveaux et disciplines

Le père d'Arthur Rimbaud ? Un officier souvent absent, qui disparaît de la vie de sa famille à la naissance de son cinquième enfant. Sa mère ? Une femme dure, soucieuse de donner une éducation respectable à ses enfants. Retour, dans cet article, sur le contexte familial du poète de Charleville [1] La commune de Charleville, dans le département des Ardennes (région Grand Est), s'appelle aujourd'hui Charleville-Mézières. .

 

Rimbaud a été poète entre 15 et 21 ans, autrement dit en étant mineur [2] Avant 1907, la majorité civile pour les hommes était fixée à 25 ans et à 21 ans pour les femmes.

Vitalie Rimbaud : une mère sévère, mais compréhensive

Pour son éducation, Arthur a eu affaire à une mère que l’histoire a retenue comme étant rude, peu aimante et très dévote. Fille d’un cultivateur, bientôt abandonnée par son mari, Vitalie Rimbaud a élevé seule ses cinq enfants avec l’idée de placer la morale religieuse au cœur de leur vie.

Portrait en noir et blanc de Vitalie Rimbaud.

Vitalie Rimbaud, vers 1890. © Wikimedia Commons.

 

En ce sens, Vitalie Rimbaud reprochera au professeur de rhétorique d'Arthur, Georges Izambard, de lui avoir prêté un exemplaire des Misérables de Victor Hugo, auteur qu’elle n’apprécie guère du fait de son anticléricalisme affiché.

Vitalie n’est pas spécialement lettrée, mais elle perçoit le génie de son fils. Si, selon Arthur, elle est « aussi inflexible que 73 administrations à casquettes de plomb », il faut se figurer le caractère de ce fils rebelle, qui fuguera à plusieurs reprises. Compréhensive, elle l’autorise à tenter sa chance à Paris en septembre 1871 alors qu'il n'a encore que 16 ans. Rimbaud reviendra de lui-même, dépité, en février 1872. 

Les lettres de Vitalie prouvent bien son souci pour son fils : alors qu'il est à Aden, au Yémen, elle lui envoie de la pommade et des bas afin qu’il soigne la jambe qui le fait tant souffrir. « Lis bien attentivement les prescriptions du docteur et fais bien exactement ce qu’il te dit », lui écrit-elle, le 27 mars 1891.    

Et la Mère, fermant le livre du devoir,

S’en allait satisfaite et très fière, sans voir,

Dans les yeux bleus et sous le front plein d’éminences,

L’âme de son enfant livrée aux répugnances. 

Arthur Rimbaud, Les Poètes de sept ans. Poème envoyé dans une lettre à Paul Demeny en 1871.

Loin d’être une marâtre, Vitalie Rimbaud aimait profondément son fils et faisait preuve d’une grande compréhension. C’est ce qu’explique Jean-Jacques Lefrère, biographe de Rimbaud, dans l’émission Bouillon de culture le 8 juin 2001.

Frédéric Rimbaud, le père absent

Le rôle de la mère s’avère d’autant plus important que son père est rarement là. Frédéric Rimbaud est capitaine d’infanterie quand il rencontre Vitalie à Mézières, en 1847. Souvent en déplacement, il ne revient que très peu dans les Ardennes, jusqu’à ne plus revenir du tout à partir de 1860. Arthur n’a pas 6 ans lorsqu’il voit son père pour la dernière fois. Il en sera marqué et semblera toujours en quête de cette figure absente. Frédéric avait une très bonne connaissance de l’arabe, au point d’écrire des cahiers de dialogues et de chansons utiles à ceux qui voudraient apprendre la langue. Également épris d’orientalisme, Arthur demandera à sa mère de lui retrouver les livres de grammaire arabe de son père. Ceux-ci lui seront d’une grande utilité lors de son séjour au Yémen (1880-1891).

Rimbaud, le poète-enfant, n’aura jamais connu la douceur d’une famille unie :

Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,

Et les petits pieds nus effleurant le plancher,

Aux portes des parents tout doucement toucher…

On entrait !... Puis alors les souhaits… en chemise,

Les baisers répétés, et la gaieté permise ! 

Arthur Rimbaud, Le Matin des étrennes.

Georges Izambard, le père de substitution

Adolescent, Arthur se trouvera un père de substitution, l’instituteur Georges Izambard, qui veillera pendant quinze mois à sa formation intellectuelle. 

Portrait en noir et blanc de Georges Izambard.

Georges Izambard. © Wikimedia Commons.

 

« Je vous aime comme un frère, je vous aimerai comme un père », écrit-il (lettre du 5 septembre 1870). Auteur de vers lui-même, Izambard encourage son brillant élève à écrire, même si, comme les autres, il peine à le comprendre : 

[...] Vous prenez les pensées les plus incohérentes, les mots les plus hétéroclites, vous les accouplez tant bien que mal, et de ce croisement naît avant terme un délicieux petit fœtus [...]. 

Georges Izambard, lettre du 15 mai 1871.

Frédéric Rimbaud, son frère

Arthur Rimbaud a un frère, Frédéric – d'un an son aîné –, avec lequel il ne s’entend pas. En novembre 1954, soixante-trois ans après la disparition du poète, ses deux nièces racontent leurs souvenirs à la télévision publique : l’attitude hostile de leur grand-mère et leur ignorance totale du génie de leur oncle. 

Pour aller plus loin

     

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Notre partenaire BnF Les Essentiels propose un article sur la poésie rimbaldienne.

Capture de la page du site BnF Les Essentiels intitulée Les Poésies de Rimbaud.

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