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La biodiversité : une amie qui nous veut du bien

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Par Axelle Szczygieljournaliste
Publication : 22 mai 2023 | Mis à jour : 19 déc. 2023

Niveaux et disciplines

Dans l’air, dans l’eau, dans les sols… elle est partout ! Insectes, mammifères, plantes, arbres… Oui, mais pas seulement ! Aussi ancienne que la vie sur Terre, elle est tout simplement indispensable à l’humanité et au vivant dans son entier. De qui, de quoi s’agit-il ? De la biodiversité bien sûr !  Oui, mais c’est-à-dire ? La biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants, les écosystèmes dans lesquels ils vivent (forêt, océan…), mais aussi, et surtout, les interactions des espèces entre elles et avec leurs milieux.

L’interdépendance des espèces végétales est essentielle. En 1971, le journaliste Michel Péricard était l'un des premiers à expliquer l’importance écologique d’une forêt, cette « grande machine qui fabrique de la vie ».

À l'époque, on ne parlait pas encore de biodiversité : ce concept n’est apparu que quelques années plus tard, avec la mise au point de nouvelles méthodes d’échantillonnage de la petite faune[Réf. xscwpn4n9] . L'expression « diversité biologique » émerge alors. Mais la version contractée de biodiversité a été créé en 1985 par Walter G. Rosen, biologiste américain, lors des travaux de préparation du premier forum américain sur la diversité biologique qui s’est tenu l’année suivante. Plus percutant, plus facile à retenir, ce nouveau mot s'est imposé en quelques années, comme le rappelle dans ce podcast Bruno David, paléontologue et biologiste, président du Muséum national d’Histoire naturelle.

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Mais alors qu’on commence à en entrevoir toute l’étendue (aujourd’hui encore, les scientifiques estiment que 90 % du vivant reste à découvrir), on se rend compte aussi de son déclin et de l’urgence à agir pour sa protection. La Convention sur la diversité biologique signée lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro (1992) insiste pour la première fois sur l’importance de la conservation de la biodiversité pour l’ensemble de l’humanité.

Ce dossier thématique à destination des collégiens et des lycéens vous aidera à définir la notion de biodiversité et à donner un aperçu de ses bienfaits. La biodiversité couvre nos besoins vitaux, nous protège contre les risques environnementaux et climatiques et se révèle une alliée précieuse pour l'agriculture.

Une réponse à nos besoins élémentaires

« La biodiversité répond directement aux besoins primaires de l’homme en apportant oxygène, nourriture et eau potable, rappelle l’Office français de la biodiversité (OFB). Elle contribue également au développement des activités humaines en fournissant matières premières et énergies. »

Et elle nous soigne : la morphine (pavot) ou l’aspirine (saule blanc, utilisé pour apaiser les maux de tête depuis la préhistoire) sont deux remèdes issus de la nature. L'if a quant à lui donné un médicament pour lutter contre les cancers des ovaires et du sein, comme l’explique le pharmacien et botaniste Jean-Marie Pelt dans cette interview donnée en 2015 à l’occasion de la parution de son livre Les plantes qui guérissent, qui nourrissent et qui décorent.

Un rempart contre les risques environnementaux

Les milieux naturels jouent également un rôle essentiel pour réduire l’impact des inondations. En cas de fortes pluies, les zones humides, qui désignent les espaces et les milieux de transition entre la terre et l’eau (marais, marécages, tourbières, terrains inondables, estuaires, lagunes…) agissent en effet comme des éponges naturelles, absorbant et stockant l’eau en surplus, pour mieux la restituer en période de basses eaux (étiage). Problème : 87 % des zones humides ont disparu depuis le XVIIIe siècle au profit des activités humaines ! Et les dégradations se poursuivent… Il est donc urgent de recréer les zones humides asséchées, mais, surtout, de préserver l’existant et le restaurer. Une fois réhabilitées, les prairies humides autour de la ville de Châteauroux sont redevenues des îlots de biodiversité capables de juguler les crues de l’Indre, comme le montre ce reportage diffusé sur France 2 en 2004.

De son côté, l’oyat, dit aussi « roseau des sables », ralentit l’érosion du littoral.

Une protection contre les risques climatiques

Les milieux naturels jouent en outre un rôle clé sur le système climatique. Véritables puits de carbone, océans, forêts et autres prairies régulent la température de la planète. « Rien qu’au cours de la dernière décennie, les écosystèmes terrestres ont absorbé environ 30 % des émissions de carbone générées par les activités humaines, telles que la combustion de combustibles fossiles », selon l’ONU.

Le reportage ci-dessous témoigne des conséquences désastreuses de la déforestation en Indonésie. « Derrière cette jungle millénaire qui part en fumée, c’est aussi un immense réservoir de carbone qui se vide dans l’atmosphère », explique la journaliste en 2007. 

Une source d’inspiration irremplaçable

Nombre d’inventions ont pu voir le jour grâce à l’observation et à l’imitation du vivant. C’est ce qu’on appelle le biomimétisme. Le Velcro ? Une idée piquée aux graines de bardane. Le papier fabriqué à partir de fibres de bois ? Emprunté aux nids de guêpes ! « Va prendre tes leçons dans la nature, c’est là qu’est notre futur », disait Léonard de Vinci, pionnier du biomimétisme. Le maestro a ainsi longuement observé l'anatomie des chauve-souris avant de dessiner un engin volant, ancêtre de nos avions.

Aujourd’hui, le biomimétisme désigne une approche scientifique et philosophique qui consiste à s'inspirer du vivant pour produire de manière plus sobre, plus écologique, aussi bien des bâtiments que des biens de consommation courante. Dans le podcast présenté ci-dessous, Estelle Cruz, docteure en écologie et environnement du Muséum national d’Histoire naturelle, donne des exemples de conceptions biomimétiques. Elle dit s'être intéressée à cette démarche après avoir découvert un immeuble s'inspirant d'une termitière au Zimbabwe.

La meilleure alliée de l’agriculture

Une importante biodiversité dans les sols a un impact direct sur la qualité et l’abondance des cultures. Les déplacements des différents organismes dans le sol (comme les vers de terre, les fourmis, les limaces, etc.), qui cherchent à se nourrir ou à trouver un abri, permettent notamment d’aérer la terre et de faciliter son drainage. La biodiversité permet en outre de décomposer les matières organiques et de les transformer en nutriments disponibles pour les plantes.

Par ailleurs, selon l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, près de 35 % de la production agricole mondiale dépend de pollinisateurs comme les abeilles, les oiseaux et les chauves-souris.

Dans ce document de l’AFP, il est expliqué que « les 20 000 espèces d’abeilles existantes dans le monde contribuent à la survie de 80 % des espèces végétales ». La grande majorité des plantes à fleurs ont en effet besoin d’elles pour transporter le pollen et donc se reproduire (pollinisation). Elles sont en outre un « indicateur de la santé de l’environnement ». La disparition d’un très grand nombre d’entre elles – jusqu’à 30 % par an dans certaines régions du continent européen, selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) - doit être considérée comme un véritable signal d’alarme sur la santé de notre planète. 

Vidéo de l'AFP le déclin des abeilles

L'illustration représente une abeille entourée des 4 symboles responsables de sa disparition : un acarien Varroa Destructor, un agent chimique, une agriculture intensive et de certains OGM.

Aujourd’hui, notre planète est bel et bien entrée dans la sixième extinction de masse, la première depuis la disparition des dinosaures, il y a environ 65 millions d’années. Et contrairement aux cinq précédentes, qui remontent à la préhistoire, cette crise du vivant ne résulte pas de processus naturels. Elle est le fait d’une espèce : la nôtre. Une mauvaise et une bonne nouvelle à la fois : nous autres humains, nous détenons les clés pour préserver le vivant.

 

Pour aller plus loin

     

Un dossier thématique

Un dossier thématique à destination des collégiens et des lycéens détaille les différentes menaces qui pèsent sur la biodiversité, mais met aussi en valeur les mesures qui sont mises en place pour la protéger.

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